Mune, le Gardien de la Lune

Un des dualisme que j'apprécie le plus est celui du Soleil et de la Lune. Sans doute parce qu'il a quelque de primordial et cosmique. Mais à chaque fois je dois rajouter des trucs (genre la Nature, les Ténèbres, etc. Peut-être que je ferais un article dessus dans quelques semaines). Donc quand j'ai découvert qu'un film traitant de la Lune et du Soleil sortait, j'étais aux anges! Pour tout dire, j'ai même pas tellement réfléchi, je suis allé le voir dès que j'ai pu.

Autre chose qui m'a motivé à écrire cet article (et pas sur la Légende de Manolo, Big Hero 6 et Vice Versa) est qu'il est français, et que j'avais envie de lui donner la force, comme on dit.

Il y a de ça super longtemps, le monde était dans les ténèbres. Puis, un jour, le premier Gardien du Soleil harponna l'astre dans le cosmos pour amener la lumière. Plus tard, le premier Gardien de la Lune apporta du monde des rêves la lune pour éveiller les rêves. Depuis les deux Gardiens et leurs successeurs veillent à l'harmonie des astres, et du monde.

Jusqu'à ce que Mune, jeune membre du peuple de la nuit, soit nommé contre toute attente nouveau Gardien de la Lune. Enchaînant les gaffes, le chaos qu'il installe permet le déséquilibre de la nuit, et le vol du Soleil. Pour sauver le monde, il devra compter avec le nouveau Gardien du Soleil, Sohone, un guerrier puissant mais arrogant et Cire, une jeune fille de cire (eh ouais) courageuse et dégourdie.

Production : Quand je vais voir un film d'animation "moyen" (en gros qui ne sort pas d'une grosse boite genre Dreamworks ou Pixar), j'ai toujours un peu peur pour l'animation. Surtout quand je vois la quantité de films à l'animation pas terrible qui sortent chaque année (par exemple, avant la séance, il y avait une bande annonce de Oups! J'ai râté l'arche, c'était moche). Ici c'était plus que correct. Elle n'en claquait pas les yeux (genre tu peux compter les poils des cheveux de Sohone), mais elle fait le job, et est dôtée d'un parti pris artistique marqué.

En effet, par exemple quand on regarde les décors, on a plus le sentiment de voir une fresque peinte que la pure image de synthèse. De même que le travail des couleurs est très recherché, comme dans la Légende de Manolo. Au cours des séquences dans le monde rêves, on assiste à un passage vers l'animation en 2D avec un style manga assez appuyé (genre la première série Teen Titans). Néanmoins, je trouve l'animation assez sacadée, surtout par rapport au reste du film. Je pense que c'est voulu, mais j'accroche moins.

Ecriture : Bon on est dans du classique, un héros un peu empoté se retrouve dans une position de responsabilité et doit faire ses preuves pour vaincre le méchant. D'ailleurs, j'avais l'impression quand je voyais les héros de voir les héros de Star Wars, Mune est Luke, Cire, Leia et Sohone, Han. Mais je reviendrais dessus après.

Du peu que j'ai vu, la promo semble lier le film à Avatar, alors que je trouve qu'il est beaucoup plus proche de The Dark Crystal qu'autre chose. On a un héros aux traits elfiques qui découvre un monde qu'il doit sauver en restaurant l'équilibre avec un caillou. Bon, j'ai résumé au max, mais au delà de ça, les points communs sont principalement le fort exotisme du film ainsi que le rapport à la dualité et à l'équilibre qui est nécessaire.

Tout d'abord, on a vraiment le sentiment le sentiment d'être sur un autre planète, voire un autre monde, qui obéit à ses propres règles. La faune et la flore sont assez différents, et les êtres qui l'habitent sont vaguement humanoïdes.

De plus, on voit le dualisme tout au long du film. Au Soleil est associé le monde minéral, la prouesse, l'extraversion et la fierté (pour ne pas dire le culte des apparences). A la Lune est associé le monde organique, le soutien (j'ai remarqué que les Gardiens développent des pouvoirs de soin), l'introversion, l'élégance et la modestie. C'est quelque chose qu'on voit bien lors de la scène du passage de relais entre Gardiens, et avec les différents temples. Le Temple du Soleil est une bête de somme taillée dans une montagne qui tire le soleil avec des chaînes et qui est décoré des statues des précédents Gardiens, le Temple de la Lune est un cerf titanesque qui tire la Lune avec les cordes d'une harpe (tissées par des bestioles) et qui possède un jardin composé des anciens Gardiens.

Personnages : J'en ai marre de voir des "stars" doublés des personnages de films d'animation. Je pense qu'il y a des très bons doubleurs qui méritent plus de reconnaissance, et le cas typique dans ce film est Omar Sy. Dès la première phrase j'ai vu qu'il avait un problème de synchronisation labiale. Je n'ai rien contre lui, et j'estime qu'il mériterait des rôles plus solides dans les films épiques que je regarde, mais il est pas encore au point pour le doublage. Michael Gregorio, ça allait. Y avait qu'Izia Higelin qui tenait vraiment la route. Surtout quand j'entend, Benoit Allemane, Patrick Préjean et Patrick Poivey, c'en est presque rageant!

Autrement les personnages étaient eux aussi classiques. Mune, mais aussi Sohone, apprennent ce que c'est que d'être un Gardien, et Cire ne change pas vraiment (même si elle passe de groupie de Sohone à "fiancée" de Mune - c'est gros comme une maison). Là aussi on peut faire le lien avec sa nature de membre du peuple de l'aube et du crépuscule, elle fait le lien entre le jour et la nuit, le Soleil et la Lune.

Du côté des méchants, on a Necross, l'ancien héros corrompu, un méchant somme toute banal (même s'il a un réel objectif en dehors de plonger le monde dans les ténèbres), et ses deux serviteurs. Dans un premier temps, je ne comprenais pas l'intérêt de ces deux personnages qui s'apparentent à des comic reliefs pour les enfants. Puis j'ai réalisé qu'ils représentent à lui aussi sa nature, c'est-à-dire son bon fond qui est complétement submergé par la noirceur qui la corrompu. Mais je pense que je vais trop loin avec des comic reliefs.

Dans son Menu Manga sur One Piece (sorti hier donc), le Chef expliquait que la cohérence d'un univers se base sur une mythologie forte, et c'est le cas ici. le monde de Mune contient ses propres légendes et a sa propre histoire qu'on nous présente au fur et à mesure, et pas nécessairement comme dans The Dark Crystal dont le worldbuilding était tellement balèze qu'il a fallu le mettre à côté (un peu comme les Terres d’Émeraude...).

Au final, je retiendrais de Mune, le Gardien de la Lune davantage sa réalisation et son univers que son histoire, qui bien que n'étant pas mauvaise, reste très classique.

En tout cas, il m'aura donner envie de reprendre Child of Light, tiens!