Début avril, je me suis surpris à être ému par le main event de Wrestlemania XL. J'ai suivi le catch américain durant mon adolescence et même si je ne regarde plus trop, il m'arrive de jeter un oeil sur ce qu'il se passe à la WWE, ou de me plonger dans des témoignages de vétérans. Je sais que le catch est scripté, mais un peu comme le cinéma, j'essaie de comprendre ce qui se passe dans les coulisses. Comment les catcheurs évitent de se blesser, communiquent entre eux, et aussi les rapports de force qu'il peut y avoir.
J'étais un peu surpris lorsque j'ai découvert "Do the powerbomb" en bibliothèque, et primé qui plus est. Je sais que le catch est globalement pris de haut en France. J'étais aussi surpris parce que je voyais une jeune femme se prendre une mandale dans la face.
Je suis admiratif devant les femmes qui vont un peu à l'encontre de certains clichés et cherchent à se donner à fond pour une histoire quitte à se faire saigner. Pour être honnête, j'espérais aussi qu'il y ait quelques amazones dessinées.
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L'histoire suit les pérégrinations de Lona Steelrose. Elle tente de marcher dans les trace de sa mère, la célèbre championne de catch, Yua Steelrose qui est morte au cours d'un spot manqué.
Lona a le cran et la volonté, mais personne ne veut l'entraîner. En plus de ça, elle doit composer à son père qui est prostré depuis l'accident de Yua, et tente de la dissuader de devenir catcheuse par tous les moyens.
Alors qu'elle pense avoir touché le fond, elle fait la rencontre d'un inconnu qui lui propose un tournoi de catch particulier à la clé, une récompense impossible.
L'auteur a été inspiré par le catch japonais, ou puroresu. Celui-ci se distingue du catch américain en ce qu'il est beaucoup plus "sportif". Le catch japonais a conservé des racines dans le combat de lutte, et ses catcheurs sont plus proches de pratiquants de MMA avant l'heure. Il suffit de voir comment dans les œuvres japonaises, les catcheurs sont présentés comme des combattants vraiment dangereux alors que les œuvres occidentales vont plus facilement chercher à les tourner ridicules. Je me souviens que lorsque j'entendais que quelqu'un avait catché au Japon, il revenait avec un certificat de "vrai" catcheur. Je me souviens aussi qu'au Japon, on aime bien frapper avec des néons ou utiliser des punaises. Quand j'ai vu ces armes sortir, je me suis dit "c'est bien du catch japonais".
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Au début, je pensais qu'on suivrait l'histoire d'une jeune femme qui tente de devenir une grande championne et va se réconcilier avec son père. Mais je n'avais que partiellement raison. Très vite, se met en place un tournoi interdimensionnel où l'enjeu est la résurrection d'un être aimé. J'ai tout de suite penser au tournoi du dessin animé des Tortues Ninja de 2003, où les meilleurs combattants de l'univers sont rassemblés pour désigner l'ultime combattant. Il y a aussi le Tournoi du Pouvoir de Dragon Ball Super, je pense.
Bien sur, on voit comment Lona arrive reprendre la volonté de sa mère. Mais on voit aussi comment elle parvient à renouer avec son père, d'une façon que je n'avais vraiment pas vu venir.
J'ai été aussi surpris que les premiers adversaires étaient des orang-outans capables de parler (je ne sais pas si on peut parler d'hyperintelligence ou de sapience pour des primates). Je sais que les gorilles et les chimpanzés sont beaucoup plus forts que les humains (avec des trucs vraiment pas jolis lorsqu'ils sont pas contents) et je n'ai pas de raison de penser que les orangs-outans seraient différents. Je me suis sincèrement demandés, comment ils vont faire?
A la fin, les héros affrontent "Dieu". Il y a bien sur ce trope japonais où les héros affrontent un Dieu tyrannique à la fin de leur aventure, mais je pense que ça va plus loin. D'abord parce que ça ne se résout pas uniquement sur de la violence. Et aussi parce que la conclusion m'a aussi fait penser à l'épisode de la Bible où Jacob affronte un ange et acquiert le nom d'Israel.
Les dessins sont vraiment cools. Très expressifs, et donnent du corps à l'aventure. J'avais vraiment l'impression d'avoir un show de catch avec les noms des acteurs en couleurs flashy ou encore les onomatopées.
Les prises vont quant à elles plus chercher dans le registre du manga, et le catch avec ses attaques nommées et mises en scène pour être spectaculaires, s'y prête facilement.
Au final, Do a powerbomb était une lecture sympa. Elle a écrite par un fan de catch et dessinée, au moins par quelqu'un qui aime le spectacle! Mon seul "regret" est qu'il n'y ait pas beaucoup d'amazones.