Je l'ai dit et répété, mais je suis fan des œuvres avec des éléments. Quand Pixar a annoncé la production de leur film Elemental, j'étais aux anges! Un film qui se passe dans un monde où des élémentaires vivent ensemble, j'étais à fond! En vrai, le scenario m'intéressait assez peu.
Mais il me semble qu'il n'y a pas eu beaucoup de communication autour. Disney semble avoir pour stratégie de saboter les sorties en salle pour pouvoir vite mettre les films sur Disney +. C'est l'impression qu'ils ont pu donner avec les dernières sorties Pixar. Ca plus les problèmes des films d'animation de ces dernières années, que pour être franc, je n'ai pas vraiment vu.
L'action se passe dans Element City, une métropole où les quatre éléments vivent ensemble. Parfois la cohabitation est compliquée quand les modes de vie sont différents, mais il y a une harmonie qui existe entre la plupart des éléments, sauf les Flamboyants qui vivent à part.
Nous suivons la jeune Flam, la fille du propriétaire du Foyer, un immigrant de la première génération qui s'est hissé comme cœur de la communauté ardente. Flam est une jeune fille active et dégourdie, mais elle a un tempérament de feu qui l'empêche de reprendre la boutique. Lorsqu'elle sort de son calme, elle a tendance à littéralement exploser. Le jour où ses coups de colère endommagent la tuyauterie du magasins, elle fait la rencontre de Flak, un jeune aquatique qui enquête sur une fuite.
En plus d'être de deux peuples opposés, leurs personnalités n'auraient pas pu être plus antagonistes : l'une est réservée et plutôt cynique, l'autre est extraverti et idéaliste. Comme on dit les opposés s'attirent.
Production : C'est clairement la force du film. Les environnements sont magnifiques. La ville est construite comme une métropole, mais dont la plupart des habitants n'ont pas de corps solide. On voit que les Aériens ont leurs propres moyens de se déplacer et de vivre. J'ai beaucoup aimé les effets de lumière, que ce soit avec les flammes de Flam qui se reflètent dans l'eau ou du cristal, ou Flak qui utilise sa compagne comme loupe incandescente. La physique est prise en compte et c'est sympa.
Comme pour beaucoup de films d'animation, ils ont sorti un artbook. Je pense me le prendre prochainement.
Ecriture : Le film a une portée très personnelle pour le réalisateur. Il transpose comment sa famille a pu vivre son arrivée aux États-Unis depuis la Corée. Et c'est quelque chose qui m'a marqué dès le début du film, où le père de Flam donne son nom au policier. Ce dernier, ne comprenant pas et ne cherchant pas à comprendre, lui a donné un autre nom. Alors oui, c'est compliqué de prononcer des bruits de flamme, mais ça m'a fait tiquer sur quelque chose que j'ai pu voir en tant qu'adulte. Sans me permettre de parler aux noms d'autre, ça me dérange de voir qu'on change des noms pour les rendre plus prononçable. Les noms ont des sens.
J'ai trouvé aussi intéressant que la famille de Flak soit plutôt bobo. Avec une attitude libérale qui est bienveillante, mais manque parfois de tact. On sent le petit tacle aux familles libérales, généralement aisées, qui cachent parfois des préjugés assez indélicats.
Aussi, on aperçoit la construction d'Element City. La ville est construite autour des Aquatiques, les autres peuples les ayant rejoint après. Les Flamboyants étant sans doute arrivés en dernier (j'ai eu l'impression que la famille de Flam était la première à arriver). La ville, sans doute pensée par des Aquatiques, n'est pas construite pour eux, les forçant à vivre dans un "ghetto", Firetown. D'ailleurs en cherchant, j'ai vu qu'une version initiale du scenario prévoyait que la mère de Flam soit la grande méchante qui ait orchestré les problèmes pour évincer les Flamboyants. L'idée n'a pas été retenue, mais je ne suis pas surpris qu'il reste quelques traces.
Après, le scenario reste classique pour une œuvre de ce genre. J'ai compris qu'il n'y aurait pas de véritable antagoniste (si ce n'est le père de par son attitude), et je pense que c'est un univers qui gagne à être exploré et creusé.
Personnages : J'ai regardé le film en version française. Je n'avais de réel a priori dans un sens comme dans l'autre. Flam est doublée par Adèle Exarchopoulos, et j'ai trouvé qu'elle a une voix très profonde qui donne du coffre au personnage. En effet, Flam est l'héroïne du film. Je pensais que le film tournerait plutôt autour de Flak, et comment il essaierait de séduire Flam mais non. Flak essaie bien de la séduire, mais ce n'est pas au coeur du film. Son cheminement à lui est terminé. Il a eu des conflits avec son père et a fait son deuil. Même le fait qu'il ait une situation professionnelle assez précaire est passé sous le tapis. Le film tourne autour de Flam, sa relation avec son père (et celui-ci avec son père), le fait qu'elle veuille lui faire plaisir, mais au fond ne s'écoute pas vraiment. Et sa frustration fait qu'elle a un tempérament explosif. Mine de rien, j'arrive à comprendre. Je dois avouer aussi que sa doubleuse originale, damn.
Ça change de la plupart des comédies romantiques que j'ai pu voir où le film tourne autour de l'homme et de ses tentatives de séduction. Oui, tout ça est bien présent, et Flak reprend certaines caractéristiques de ces héros, mais il reprend aussi des caractéristiques des personnages féminins : il bouscule le quotidien de l'héroïne (parce qu'a priori, ils n'auraient pas du se rencontrer) et la pousse à trouver sa propre voie.
Brul, le père de Flam, est aussi un personnage pivot du film. Il est venu à Element City pour soutenir sa famille. Et même s'il est parti en froid avec ses parents, il n'a jamais renoncé à ses racines. Comme je l'indiquais plus haut, la ville n'est pas conçue pour des Flamboyants, et il a eu des mauvaises rencontres avec des Aquatiques, qui l'ont rendu amer. Il est trop fatigué pour continuer à travailler, mais insiste parce qu'il attend que Flam soit prête. Il veut ce qu'il y a de mieux pour sa fille, mais est trop pris dans son propre système de croyances.
Regarder le film m'a fait penser à Mune le Gardien de la Lune, que j'avais vu il y a des années de ça. Ça m'a aussi fait penser aux Enfants de la Pluie, sorti maintenant il y a à peu près vingt ans. Cette histoire d'amour un peu originale dans un monde où chacun à sa place et où les rivalités s'expriment. J'en retire quelque chose de globalement positif, et même quelques idées.
Je suis aussi satisfait que le film ait pu bénéficier d'un bouche à oreille qui lui permettra de se faire un nom et de limiter la casse.
Est-ce que c'est aussi l'occasion de montrer les abdos de Leah Lewis? Oui!